Editorial
RAPPORT MORAL.
Assemblée générale du samedi 18 décembre 2010
ll n’y pas une journée où je me suis dit « Mais qu’est que tu fais à la présidence de ce club ? ».
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps pour des licenciés qui avant toute chose sont des consommateurs qui pensent qu’ils devraient être au vélodrome de Marseille plutôt que de porter le maillot de l’école de foot ?
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps pour des parents qui se débarrassent de leurs enfants car ils considèrent que le club est avant tout une garderie ou qui sont persuadés que les éducateurs sont des bons à rien quand ils ont entre leurs mains le futur Zidane ?
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps pour des pouvoirs publics qui cultivent l’indifférence à l’égard d’un club qui réalise un travail de fond dans le domaine social ?
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps pour certains supporters qui n’ont qu’un rêve c’est de voir s’écrouler ce club qui a su résister à toutes les pressions ?
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps dans cette zone sensible ou tous les indicateurs sociaux sont au rouge et que le simple fait d’affirmer que l’on habite la zup suscite la peur et la méfiance.
Pourquoi donnes-tu autant de temps quand tous les week-ends tu attends avec inquiétude le fameux « tout s’est bien passé président ; nous n’avons pas été insulté de bougnoule ou de sale noir. »
Pourquoi donnes-tu autant de ton temps quand tu constates le peu de moyens financiers qui est attribué à l’école de foot alors que certains de nos édiles dépenses des millions d’euros avec l’argent du contribuable pour assouvir leur désir de gloire ou le commerce qu’ils entretiennent en paradant dans les salons dorés du stade Louis Dugaugez ?
Voilà c’est fait je viens encore en dix questions me faire plein d’amis.
Mais je ne suis pas là pour me faire des amis, des copains.
Je suis là par intérêt… OUI par intérêt.
Pour toucher un salaire supplémentaire. Vous me connaissez je n’ai pas de langue de bois, je dois tout vous avouer.
Mais je ne suis pas le seul tout le comité est trempé jusqu’ au coup.
Je sais qu’ils vont être mal à l’aise mais tant pis ; nous sommes en assemblée générale et j’aime trop la démocratie pour me taire.
Tout d’abord c’est vrai que la majorité du comité directeur ne sont pas des spécialistes du football.
Ils ne sont pas happés par la passion, ni par une sorte de communion fusionnelle.
Ils ne font pas partie de ces millions de supporters qui vont s’entasser sur les gradins ou rester scotchés devant leur poste.
Ils sont rarement venus vous voir sur le terrain.
Mais que font-ils alors ?
Pourquoi touchent-ils un salaire ?
Tout d’abord parce que ce sont des travailleurs de l’ombre que l’on ne connait pas. Ils ne brillent pas sur les terrains, ne connaissent pas la gloire ni la joie de la victoire. Ils sont privés de cette magnifique relation qui lie l’éducateur et ses joueurs. Ils ne sont pas reconnus et entretiennent l’anonymat.
Leur travail est ingrat.
Ils sont obligés de se réunir régulièrement pour endosser toute la responsabilité du fonctionnement du club.
Arracher et mendier des financements, s’acquitter des insurmontables tâches administratives, trancher les conflits, représenter le club dans les instances du football, gérer le planning des matchs de championnats, courir après les licences, organiser les déplacements, distribuer des places de foot etc…etc …etc…bref que des bonnes choses.
Alors pourquoi pendant toute une année, ils ont touché ce fameux salaire ?
Encore une fois je ne peux pas me taire car les éducateurs ont eux aussi touché une rémunération.
Mais n’est-ce pas normal ?
Ils ont passé des centaines d’heures sur les terrains.
Ils ont supporté des enfants insupportables. Ils ont supporté des parents exécrables, Ils ont supporté des supporters hystériques et racistes. Ils ont supporté des arbitres arbitraires Ils ont supporté des dirigeants partisans, Ils ont supporté les reproches légitimes de leur femme qui en a marre de les voir consacrer leur temps pour les autres quelques fois au détriment de leur vie familiale.
Je vais donc vous donner tous les chiffres que vous redoutez tous.
Notre premier salaire a été l’engagement de tous ces licenciés qui nous ont aidé à développer des valeurs d’entraide, d’amitié, d’altruisme.
Ils n’ont pas confondu compétition et opposition.
Notre deuxième salaire a été l’engagement de certains parents qui ont utilisé leur véhicule personnel pour les déplacements et ont soutenu les éducateurs dans leurs tâches de coéducation.
Notre troisième salaire a été le soutien des vrais supporters qui sont venus encourager le jeu collectifs, le fairplay, l’amitié.
Mais notre salaire le plus précieux a été d’apporter aux enfants un merveilleux outil de socialisation, porteur de valeurs éducatives.
Pratiquer le foot dans notre école cela été aussi pour les enfants un excellent moyen de se faire des amis.
L’intervention de nos éducateurs a permis la pratique d’un sport bénéfique pour le développement et la croissance de l’enfant ; elle renforce le squelette, améliore la condition physique en fortifiant le cœur et les poumons, aide l’enfant à bien mouvoir son corps, prévient les risques de surpoids.
Ils ont contribué à influencer favorablement le caractère de l’enfant ; les timides ont gagné en confiance et appris à s’extérioriser dans un sport collectif, les enfants nerveux ont appris la concentration et la maîtrise de soi dans les conflits.
Il n’y pas une journée où je ne me suis pas dit « tu as de la chance d’exercer une fonction de président dans un club comme L’ ECOLE SEDANAISE DE FOOTBAL.
Mon objectif pour 2011 sera de préparer la succession de notre comité directeur car la première réussite d’une équipe de dirigeants est de transmettre le flambeau aux plus jeunes afin qu’ils s’engagent pleinement en perpétuant les indispensables valeurs d’intérêt général.
Bruno LEMOINE